lundi 20 novembre 2017

Benoît - François : rupture ou continuité ?

Nous reproduisons ci-dessous deux extraits de Zenit de ces 17 et 18 novembre.   A tous ceux qui pensent qu'il y a rupture entre les deux derniers pontifes, cet exemple révélera  la continuité d'une "église en évolution" avec une foi "fruit du dialogue".

https://fr.zenit.org/articles/prix-ratzinger-benoit-xvi-recoit-les-trois-laureats/





Benoît XVI a reçu le 17 novembre 2017, au monastère Mater Ecclesiae du Vatican, les trois lauréats du Prix Ratzinger : le théologien luthérien allemand Theodor Dieter, le théologien et prêtre catholique allemand Karl-Heinz Menke, et le compositeur de musique sacrée estonien Arvo Pärt.


Qui sont les trois lauréats



Theodor Dieter, né en 1951, est professeur et directeur de l’Institut pour la recherche œcuménique de Strasbourg. Fortement engagé dans le dialogue œcuménique, il a eu un rôle important dans la rédaction et l’approbation de la “Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification” de 1999. En 2012, il a été rapporteur sur le dialogue catholique-luthérien au cours de la rencontre des anciens élèves de Benoît XVI à Castelgandolfo (Ratzinger-Schülerkreis).


Karl-Heinz Menke, né en 1950, est professeur émérite de dogmatique à la Faculté théologique catholique de l’Université de Bonn. Membre de commissions de la Conférence épiscopale allemande, il est l’auteur de nombreuses publications théologiques. Profond connaisseur de la pensée de Joseph Ratzinger, il est aussi membre de la Commission théologique internationale depuis septembre 2014.


Arvo Pärt, né en 1935 à Paide en Estonie, est reconnu au niveau international. Il a reçu un doctorat honoris causa de l’Institut pontifical de musique sacrée et a participé à l’exposition sur “Splendeur de la vérité, beauté de la charité”, organisée pour le 60e anniversaire de sacerdoce de Benoît XVI. Il est membre du Conseil pontifical de la culture depuis décembre 2011.







« Joseph Ratzinger continue à être un maître … pour tous ceux qui exercent le don de la raison afin de répondre à la vocation humaine de la recherche de la vérité », a affirmé le pape François lors de la septième édition du Prix Ratzinger qu’il a présidée le 18 novembre 2017, au Vatican. Le pape argentin a remis leurs prix aux trois lauréats : le théologien luthérien allemand Theodor Dieter, le théologien et prêtre catholique allemand Karl-Heinz Menke, et le compositeur orthodoxe de musique sacrée estonien Arvo Pärt.


Durant cette rencontre, le pape a adressé « une pensée affectueuse et intense au pape émérite Benoît » : « Sa prière et sa présence discrète et encourageante nous accompagnent sur le chemin commun ; son œuvre et son magistère continuent à être un héritage vivant et précieux pour l’Eglise et pour notre service », a-t-il déclaré.


Après les introductions du p. Federico Lombardi, président de la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI, et du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, le pape François a salué la provenance œcuménique des trois lauréats : « La vérité du Christ n’est pas pour les solistes, c’est une symphonie : elle demande collaboration docile, partage harmonieux. »

Extraits du discours du Pape François :


"J’adresse avec vous une pensée affectueuse et intense au pape émérite Benoît. Sa prière et sa présence discrète et encourageante nous accompagnent sur le chemin commun ; son œuvre et son magistère continuent à être un héritage vivant et précieux pour l’Eglise et pour notre service. C’est pour cela que j’invite votre Fondation à poursuivre dans l’engagement, à étudier et à approfondir cet héritage, et en même temps à regarder de l’avant, pour en valoriser la fécondité soit par l’exégèse des écrits de Joseph Ratzinger, soit pour continuer – selon son esprit – l’étude et la recherche théologique et culturelle, y compris en entrant dans de nouveaux domaines où la culture actuelle sollicite la foi au dialogue. L’esprit humain a toujours un besoin urgent et vital de ce dialogue : la foi en a besoin, car elle devient abstraite si elle ne s’incarne pas dans le temps ; la raison en a besoin, car elle se déshumanise si elle ne s’élève pas au Transcendant. En effet « la foi et la raison – affirmait saint Jean-Paul II – sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » (Lett. enc. Fides et ratio, Proemio).


Joseph Ratzinger continue à être un maître et un interlocuteur ami pour tous ceux qui exercent le don de la raison afin de répondre à la vocation humaine de la recherche de la vérité. Quand le bienheureux Paul VI l’appela à assumer la responsabilité d’archevêque de Munich, il choisit comme devise “Cooperatores veritatis”, “Collaborateurs de la vérité”, tirée de la troisième lettre de Jean (v. 8). Elle exprime bien tout le sens de son œuvre et de son ministère. Cette devise ressort des diplômes des Prix que j’ai remis, pour signifier que les lauréats aussi ont dédié leur vie à la très haute mission de servir la vérité, à la diaconie de la vérité."


Je me réjouis que les illustres personnalités décorées du Prix aujourd’hui proviennent de trois confessions chrétiennes, parmi lesquelles aussi la confession luthérienne, avec laquelle cette année nous avons vécu des moments particulièrement importants de rencontre et de chemin commun. La vérité du Christ n’est pas pour les solistes, c’est une symphonie : elle demande collaboration docile, partage harmonieux. La rechercher, l’étudier, la contempler et la mettre en pratique ensemble, dans la charité, nous attire avec force vers la pleine union entre nous : la vérité devient ainsi une source vive de liens d’amour toujours plus étroits.


J’ai accueilli avec joie l’idée d’élargir l’horizon du Prix pour y inclure aussi les arts, en plus de la théologie et des sciences qui sont lui naturellement connectées. C’est un élargissement qui correspond bien à la vision de Benoît XVI, qui si souvent nous a parlé de façon touchante de la beauté comme chemin privilégié pour nous ouvrir à la transcendance et rencontrer Dieu. En particulier, nous avons admiré sa sensibilité musicale et son exercice personnel de cet art comme chemin pour la sérénité et pour l’élévation de l’esprit."