lundi 29 décembre 2014

éditorial Reconquista 8 janvier février 2015

La Prière 

Dominus enim prope est . Nihil soliciti estis, sed in omni oratione petitiones vestrae innotescant apud Deum
En ces temps où tant de difficultés nous atteignent, ce verset de l'introït du dimanche de Gaudete nous rappelle à propos la nécessité de l'espérance: nihil solliciti estis, car le Seigneur est proche. La liturgie nous invite à ne pas nous décourager et à redoubler e confiance dans nos prières: ne nous lassons pas de supplier le ciel pour obtenir de lui les grâces qui nous sont nécessaires, et tout spécialement pour l'établissement solide de la Résistance, ou Fidélité catholique, principalement en France, où contrairement à de nombreux autres pays, elle peine tant à s'ancrer.
Dominus enim prope est, gardons donc courage, et alors, croyons que nous l'avons déjà reçu, et cela nous sera donné (1). Et ne nous étonnons pas que les choses soient lentes et que les choses ne soient pas comme nous le souhaiterions: les voies de Dieu ne sont pas les nôtres, et Dieu qui a attendu plus de 4000 ans pour envoyer son Fils, a sans doute des raisons pour permettre que nous ne voyions pas tout de suite l'établissement d'une belle Résistance comme dans le reste du monde, avec ses oeuvres, ses séminaires, ses chapelles et prieurés... Cela viendra quand Dieu le voudra, et s'il permet que cela tarde un peu, c'est sans doute pour que nous en éprouvions plus vivement le besoin et que nous prenions conscience que seule notre prière et nos sacrifices pourront féconder nos efforts.

La Formation

Après lui avoir consacré un éditorial presque entier, nous ne attarderons pas excessivement sur ce sujet. Sur la suggestion de certains, nous donnerons ici quelques conseils plus précis de diverses lectures [Ces conseils sont extraits de la lettre aux amis et bienfaiteurs des dominicains d'Avrillé n° 71, Septembre 2014, dont nous vous recommandons vivement la lecture].

Sur l’erreur du libéralisme, Mgr Lefebvre conseillait l’excellent petit livre : Libéralisme et catholicisme du chanoine ROUSSEL (1926, réédition Civitas) et, bien sûr : Le Libéralisme est un péché de Don SARDA Y SALVANI (éd. du Sel) [Note de Reconquista: s'il y avait un livre à lire aujourd'hui, nous pensons que ce serait celui là]. Il faut encore citer : C’est moi l’accusé qui devrais vous juger, par Mgr LEFEBVRE (il s’agit du cours d’Actes du magistère sur les erreurs modernes que Mgr Lefebvre donnait à Écône) et, du même : Ils l’ont découronné (sur la liberté religieuse).

Sur le Christ-Roi (l’antidote au libéralisme), il faut lire : La Royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ d’après le cardinal Pie du père Théotime de SAINT-JUST, (réédité aux éd. Saint-Rémi) et P.Q.R. (Pour qu’il règne, DMM) qui était l’ouvrage de base de l’ancienne Cité catholique.
Sur l’aspect historique du combat de l’Église et de ses ennemis, il faut lire le maître-livre : La Conjuration antichrétienne, de Mgr DELASSUS (l’édition récente Kontre Kulture – www.kontrekulture.com – est de bonne qualité).

Sur la crise dans l’Église, la meilleure synthèse est le Catéchisme catholique de la crise dans l’Église, par l’abbé GAUDRON (éd. du Sel). L’Église occupée de J. PLONCARD D’ASSAC (réédité en 2005) fait la genèse lointaine de la crise. Le Rhin se jette dans le Tibre, de R. WILTGEN, raconte l’histoire du concile Vatican II et de la subversion qui y régna. La Sainte Messe (éditions du Sel) regroupe diverses études, notamment un excellent article du chanoine BERTHOD sur la nouvelle messe. [D'autres ouvrages sont également mentionnés dans la lettre 71 des dominicains]

L'Action

Dans ce domaine aussi vaste que sujet à controverses, il nous faut nous limiter à quelques aspects de la question. Nous recommandons vivement la lecture de l'Action de Jean Ousset, et de la Bataille Préliminaire de J. Vaquié.
S'il est nécessaire de parler, soit pour professer la vérité, soit pour dénoncer l'erreur, il est encore plus nécessaire d'agir conformément à cette vérité et contre l'erreur, comme le fit Saint Pie X face au modernisme: le pape ne se contenta pas en effet de dénoncer -et il le fit magistralement dans Pascendi-, mais il agit et recommanda l'action aux évêques: l'encyclique se termine par une série de mesures pratiques pour contrecarrer et détruire l'hérésie. La détermination du pape n'est pas moins admirable dans tous les domaines - ô combien nombreux - dans lesquels son zèle s'exerca: enseignement, musique... pour que s'exercât le règne du Christ. 

"Les hommes d'armes batailleront et Dieu donnera la victoire"
Si nous devons bien comprendre que Dieu seul peut nous donner la victoire, il ne faudrait pas pour autant se réfugier dans l'inaction, dans un quiétisme tranquilisant et lâche; car, si les hommes d'armes -que nous sommes depuis notre baptême et surtout notre confirmation- ne bataillent pas, Dieu leur donnera-t-il la victoire ? Si nous sommes assurés que Dieu sera vainqueur, notre participation à la victoire de Dieu, c'est à dire notre entrée au ciel ne sera obtenue qu'en luttant. D'où la nécessité de l'Action que nous évoquions en concluant notre dernier éditorial: "Montrer le bien ne suffit pas, il faut le réaliser dans la pratique" (Il fermo proposito, 11 juin 1905). 

Le précédent éditorial le rappelait, le but de notre action n'est autre que le Christ-Roi: "Omnia instaurare in Christo", c'est à dire de rebâtir la cité catholique. Et pour cela, l'action est nécessairement multiforme et affecte tous les domaines de la société: écoles, pélerinages, apostolat, oeuvres de miséricorde... le champ est large, comme le soulignait le saint pape: "Immense est le champ de l'action catholique; par elle même elle n'exclut absolument rien de ce qui, d'une manière quelconque, directement ou indirectement, appartient à la mission divine de l'Eglise" (Il fermo proposito 11 juin 1905)

Il serait donc trop long, aussi fastidieux que prétentieux, que de vouloir traiter de manière exhaustive ce sujet. Nous contenterons de donner quelques pistes de réflexion,  dans un domaine qui relève de la vertu de Prudence, qui comme toutes les vertus, se forme avant tout par la répétition d'actes vertueux, et est donc plus pratique que théorique. Nous ne pouvons que renvoyer nos lecteurs au livre de Jean Ousset, auquel nous emprunterons un certain nombre de ces réflexions. 

Quant à l'importance des principes dans l'action (d'où découle le refus du compromis): citons Jean Jaurès, d'adressant à ses opposants catholiques de la Chambre: 
« Nos adversaires nous ont ils répondu ? Ont ils opposé doctrine à doctrine5, idéal à idéal ? Ont ils eu le courage de dresser contre la pensée de la Révolution l'entière pensée catholique ? NON. Ils se sont dérobés. Ils se ont chicanés sur des détails d'organisation. Ils n'ont pas affirmés nettement le principe qui est comme l'âme de l'Eglise ».
 De cette nécessité d'une doctrine, il faut donc déduire celle de refuser la Révolution en bloc, sans chercher à en accepter les idées les moins révolutionnaires. Si notre action se fonde sur une doctrine, il nous faut combattre tous les aspects -fort divers- de la Révolution (ainsi comme le rappelait l'abbé de Caqueray dans son éditorial du gender au genre vestimentaire, il serait illusoire de vouloir combattre la théorie du genre, en acceptant les tenues masculines des femmes qui préparent à cette funeste théorie.) La lutte contre la Révolution doit donc être entière et englober l'aspect religieux, politique, individuel (et notamment vestimentaire...). Cette lutte ciblera ainsi les vrais objectifs, le principe révolutionnaire, sans se focaliser et dépenser en vain son énergie sur les manifestations de ce principe: « On veut combattre le mal à la place où il se montre, et l'on ne s'inquiète nullement du point où il prend son origine, d'où il exerce son action » soulignait déjà Goethe. 

Deux choses sont donc nécessaires pour une action efficace, ou du moins qui puisse prétendre l'être: PENSER son action et penser BIEN son action. Penser son action, c'est à dire avoir une doctrine, ne suffit évidemment pas, il faut la bien penser, c'est à dire avoir une doctrine sûre, qui nous est en bonne partie fournie par la doctrine sociale de l'Eglise, et également la penser intelligemment et prudemment, c'est à dire non pas ne rien faire, bien au contraire, mais choisir les meilleurs moyens pour arriver au but: tout restaurer dans le Christ. Cette prudence fera donc éviter, le plus souvent, les grandes démonstrations, coûteuses, peu efficaces, nuisibles sous bien des aspects... et préférer des types d'action plus discrets, mais aussi réels et bien plus efficaces, tels que peuvent l'être par exemple, pour n'en citer qu'un, la magnifique oeuvre des écoles vraiment catholiques, qu'il faut reconstruire, purifiées de toute contamination libérale...



Laissant à votre sagacité et à votre imagination la tâche de découvrir les diverses actions possibles, et à de futurs articles le soin de traiter plus en profondeur ce vaste sujet, je vous souhaite, avec tous les collaborateurs du blog Reconquista, une sainte fête de Noël et une bonne année 2015; que le Christ, plein de grâce et de vérité et lumière venant en ce monde, nous illumine tous afin que nous puissions toujours voir clair et lui rester fidèles quoiqu'il puisse nous en coûter. 
Je tiens également à remercier ici tous les collaborateurs, réguliers ou occasionnels, du blog, ainsi que notre censeur, prêtre de l'USML, qui exerce cette charge depuis le mois de septembre 2014. Que soient également remerciés les prêtres qui nous aident et qui nous font confiance, tout particulièrement les abbés Chazal et Trincado, mais également les abbés Salenave, Hewko, Valan et Cardozo pour ne citer que les plus récents, en priant ceux que nous oublions de nous en excuser. 

Vous trouverez dans ce numéro outre le texte de Mgr Lefebvre, de larges extraits d'un texte intérressant de Mgr de Castro Mayer; il s'agit de sa réponse au cardinal Tardini dans laquelle il exposait les sujets qu'il souhaitait voire traiter au Concile. Vous y trouverez également un certain nombre de photos des divers lieux de résistance dans le monde. Que ces photos nous encouragent nous autres français à rendre plus concrète la Résistance et à voir le même entrain que nos amis du reste du monde. Prions pour eux, qui n'ont pas forcément la chance d'avoir autant de prêtres résistants qu'en France, ainsi que pour la persévérance des quelques séminaristes que la Résistance possède dans la monde. 


Notes: 

1) Credite quia iam accipietis et fiet vobis