mercredi 15 octobre 2014

Note interne à la suite de l'entrevue de Mgr Fellay avec Mgr Muller (2 octobre 2014)

Note interne confidentielle de Menzingen suite à l'entrevue romaine
Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Note interne confidentielle de la Maison générale
Diffusion : membres prêtres
Le 2 octobre 2014

Le mardi 23 septembre 2014, Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, a rencontré le cardinal Gerhard Ludwig Müller, Préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi. Il était accompagné des deux Assistants généraux de la Fraternité. Le cardinal Müller était entouré de Mgr Ladaria, secrétaire de la CDF, de Mgr Joseph Augustin di Noïa o.p., secrétaire-adjoint, et de Mgr di Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei et Mgr Descourtieux, de la même commission. La rencontre a eu lieu de 11 h. à 13h.
—   L’impression générale que laisse cette réunion est qu’il n’y a rien de nouveau (Cf. Communiqué de 2005 après l’audience au pape Benoît XVI repris littéralement dans celui de 2014) :
—   Comme précédemment, Mgr Fellay et ses Assistants ont été cordialement reçus.
—   On note que le Pape et la Congrégation pour la doctrine de la foi veulent maintenir les discussions et les contacts. Ils ne veulent pas couper.
—   Il n’y a pas de menace de sanction, mais une insistance sur l’obéissance et une insistance pour que nous régularisions la situation rapidement, en acceptant la déclaration doctrinale de 2012 (et la prélature), ce que nous avons à nouveau refusé en raison des ambiguïtés de ce document.
—   On nous demande d’accepter le magistère de l’Église comme norme de la foi, ce qui par principe n’est pas un problème pour un catholique, mais c’est l’application de cette acceptation à l’enseignement conciliaire et postconciliaire qui pose un grave problème, en raison de la rupture avec le magistère antérieur.
—   Ils ne comprennent pas, ou n’admettent pas, que le Concile lui-même puisse être pris en défaut, et donc ils ne peuvent pas remonter aux causes de la crise.
—   Il est difficile de faire passer notre position, ils ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre. Nous ne parlons pas le même langage.
—   Nos observations et oppositions sont vues comme secondaires ou même illusoires par rapport aux problèmes auxquels ils doivent faire face dans l’Église (prochain Synode sur la famille, etc.).
—   Les différences doctrinales demeurent (œcuménisme, liberté religieuse et collégialité, comme les problèmes posés par la nouvelle messe).
—   Rome demande, dans le cadre de ces discussions, des rencontres entre des membres de la Fraternité et des évêques, qui auront lieu de façon informelle : le choix des lieux et interlocuteurs étant laissé à notre initiative.

Nos intentions :
—   Maintenir le contact surtout lorsque l’initiative vient de Rome, c’est l’esprit et la pratique de Mgr Lefebvre.
—   Il s’agit d’utiliser ces rencontres pour exposer, expliquer notre position sur les causes de la crise de l’Église. C’est l’esprit missionnaire dans l’Église qu’il nous faut conserver.

—   Il faut être ferme sur le fond, la doctrine ; patient et charitable sur la forme.



Ces rencontres étaient déjà annoncées par l'abbé Pflugger à Flavigny, fin décembre 2013:


« On est dans un moment décisif pour la Tradition et la Fraternité. Crise vient du grec crisis qui
s'applique en médecine au cas d'un patient dont le moment est venu de statuer sur son avenir. Arrive-ton à vaincre la maladie ? Nous en sommes à ce point ou il faut décider sur l'avenir par rapport au pape, à l'Église. Donc, comment agir ?

Il faut regarder comment l'Église a agi dans le passé. Aujourd'hui, Suresnes, Mgr Tissier nous
poussent, mettent une certaine pression pour que nous fassions une déclaration claire, pure et dure, une profession de foi, qui mette les points sur les « i ». Ils [Ils ou certains...] demandent que nous ne
discutions pas avec Rome mais que nous proposions des petits textes basés sur la doctrine. Mais
faisons gaffe ! [Ce n'est pas aussi simple.] Dans le Credo, on ne professe pas qu'on renonce à
Vatican II et à la liberté religieuse !
Nous avons consulté quelques confrères sur l'opportunité de la publication de ces déclarations à
l'occasion des 25 ans des sacres ; un confrère français nous a écrit sur l'utilité de ce texte qu'il est
inaudible au clergé moderne [deux déclarations fermes (fin du Chapitre 2012, puis déclaration des
évêques en 2013) rappellent déjà notre position. Nos déclarations restent inaudibles pour le clergé
moderne], même à celui qui nous estime ! Parce qu'il manque d'une philo sérieuse pour nous
comprendre.

1er problème : sur un même texte, chacun voit de sa façon et les modernes ne voient pas ce qu'on y
voit. Exemple : à l'occasion de la manifestation interreligieuse à Buenos-Aires pour mémoriser
l'attaque contre les juifs, personne n'a compris notre lutte contre la liberté religieuse, on a pensé qu'on luttait contre les juifs parce qu'on a des fidèles très intelligents [qui n'ont pas percé le contexte / qui ont parlé en ce sens à la TV].

2ème problème : ils méconnaissent le magistère ante-conciliaire [parce qu'ils / et ils] sont submergés par des préoccupations pastorales. Leurs soucis sont totalement différents des nôtres qui nous focalisons sur Vatican II et la collégialité... [En publiant une telle déclaration.] Nous nous (faisons / ferions] plaisir à nous-mêmes et nous ne [faisons / ferions] pas avancer les choses.
La réforme consiste à travailler, à faire circuler « in capite et in membris », simultanément. In capite, c'est par rapport au pape, à Rome et ça a consisté dans les discussions doctrinales et nos efforts ne sont pas couronnés de succès pour l'instant. In membris c'est par rapport aux fidèles, aux paroisses et au clergé conservateur. Il faut maintenant intensifier le contact in membris.

En remontant plus loin dans l'histoire, on constate que la réforme carolingienne a consisté dans la
multiplication d'initiatives privées qui se sont élaborées en dehors du pouvoir romain sans l'affronter et que celui-ci a fini par approuver en légiférant. Le pape ne lance pas l'initiative mais c'est la base qui les lance, initiatives qui s'épanouissent jusqu'à ce que la tête les reprenne à son compte pour les
officialiser. Pour cela il faut une disposition suffisante des inférieurs pour se laisser conduire sinon la
tête ne peut pas reprendre à son compte la réforme. Le Motu Proprio est une étape, le pape ne peut pas aller plus vite et plus loin pour l'instant. Mgr a bien dit que ce sont les chiffres qui parleront. « De
l'histoire on n'apprend rien », dit... ? Les gens font toujours les mêmes bêtises ! Le changement
viendra de la multiplication de ces initiatives et par leur rencontre et leur union."